Réhabilitation d’un site dans le Cantal : retour en force de la biodiversité
Après des décennies d’exploitation, le site de Foufouilloux Nord est depuis 2014 entre les seules mains ou presque de la nature et de sa biodiversité.
La carrière que nous exploitons depuis 2005, à proximité de Murat dans le Cantal, fournit de la terre de diatomée très recherchée pour ses propriétés notamment de filtration. Aujourd’hui, le site nord de 30 hectares accueille, entre autres, une zone humide, appelée à devenir l’une des vitrines de la biodiversité régionale, parfaite illustration de notre approche proactive destinée à réduire au maximum notre impact environnemental. Retour sur la réhabilitation écologique d’un site qui renoue avec tout un écosystème.
La diatomite, formée par l’accumulation de micro-algues fossilisées, est connue pour ses propriétés filtrantes, ce qui en fait un minerai très recherché puisqu’il n’existe que deux sites en Europe susceptibles, de par la qualité de leurs gisements, de fournir les marchés alimentaires et pharmaceutiques. Véritable trésor géologique du Cantal, le gisement situé près de Murat est désormais un site reconnu d’intérêt national. La diatomite ou terre de diatomée est en effet utilisée dans de nombreux produits du quotidien et ses propriétés filtrantes et purificatrices sont inégalées à ce jour.
Un gisement aux finalités stratégiques
La diatomite extraite du site de Foufouilloux constitue la matière première de notre usine de transformation de Murat (46 salariés) située à 5 km de la carrière, qui produit 20 000 tonnes de terre de diatomée par an réparties en 16 références de produits.
La production mondiale était en 2019 de 1,8 millions de tonnes. La France est le deuxième producteur de la planète derrière les Etats-Unis avec un tonnage annuel compris entre 200 000 et 250 000 tonnes. Les applications les plus fréquentes sont la filtration de l’eau et la filtration des vins et bières. Dans l’industrie pharmaceutique, les agents filtrants à base de diatomite sont également utilisés pour la filtration et la purification par principe actif (antibiotiques, produits vitaminés, poche de glucose). En médecine, ils peuvent également servir à la filtration du plasma sanguin humain. La diatomite sert de support pour les peintures, absorbe les huiles et les graisses, est utilisée pour le nettoyage de sols et en agronomie (amendement de certains sols) entre autres. Tous ces usages demandent des produits de haute spécificité et d’une grande pureté, à forte valeur ajoutée.
De l’exploitation à la réhabilitation
Depuis 2014, la zone nord du site étant épuisée, des travaux de réhabilitation ont succédé aux opérations d’extraction. Sous la houlette d’une commission quadripartite (Etat, collectivités locales, Associations pour l’environnement et industriels), toute une ingénierie de reconstitution du site et de sa biodiversité a été élaborée et mise en œuvre. Parmi plusieurs projets, l’option retenue par la commission a privilégié d’une part, le retour aux prairies fauchables et pâturables après comblement de la carrière et, d’autre part, la création d’une zone humide de 3 hectares.
Le parti-pris est simple : se baser sur un processus naturel évolutif et favoriser le milieu aquatique. La zone comprend ainsi une zone en eau semi-profonde, un marécage propice à l’habitat d’une flore et d’une faune retrouvées ainsi qu’une zone inondable saisonnière. Des accès ou « trames d’eau » ont été recréées pour faciliter le déplacement des animaux. Des haies ont été plantées pour accueillir l’avifaune ; des pierriers, quant à eux, permettent le retour de reptiles, insectes… et autres hérissons. De son côté, la zone pâturable a, en deux ans, retrouvé la qualité initiale des sols propices à l’agriculture. Le projet a d’ailleurs été récompensé par une victoire au Challenge Développement Durable d’Imerys en 2021, parmi 334 projets.
Un écosystème renaissant
En quelques années, nos équipes de Murat, aidées par des écologues indépendants, ont pu observer l’incroyable pouvoir de résilience de la nature. De nombreuses espèces qui avaient déserté le site y reviennent : vanneaux huppés, grèbes ou courlis cendrés, par exemple. Les loutres se sont réappropriées la zone aquatique et la flore est loin d’être en reste : l’utriculaire, plante carnivore poussant en eau douce, fait ainsi de nouveau partie du paysage.
Ces quelques exemples sont répertoriés avec bien d’autres dans un inventaire de la biodiversité suivi par des écologues et visant à collecter toutes les espèces de retour sur le site de Murat. De nombreuses actions de réhabilitation écologique ont pu aller jusqu’à la création d’un « corridor bleu » en modifiant des cours d’eau comme celui du ruisseau La Gaselle pour qu’il retrouve sa biodiversité originelle. Menées dans le cadre de Natura 2000, ces initiatives créent les conditions optimales pour faire de la partie la plus ancienne de notre site un lieu d’accueil favorable pour les batraciens, les invertébrés et les oiseaux, autant d’espèces typiques des zones humides.
Un projet qui dépasse le site
La réhabilitation de Foufouilloux Nord est une parfaite illustration de nos engagements - et de nos objectifs tels qu’ils sont définis dans le programme SustainAgility™. Notre objectif ultime est d’éviter toute perte de biodiversité, un engagement porté au travers de notre partenariat avec « act4nature, les entreprises pour la biodiversité », une collaboration effective en France et dans le monde entier. La réhabilitation du site a été pensée dans cette optique de restauration de l’écosystème et des activités locales, notamment agricoles, voire touristiques.
Notre équipe de Murat s’est ainsi fixée l’objectif de reconstituer l’habitat de l’écrevisse à pattes blanches afin qu’elle revienne peupler cette zone qu’elle avait déserté. Dans le cadre d’une démarche de progrès continu, tous nos collaborateurs de Murat ont pris part au projet ; ceux qui intègrent le site sont particulièrement impliqués dans cette démarche et tous nourrissent le projet de créer des corridors verts afin d’enrichir au mieux la faune et la flore locales. Une collaboration avec les écoles, collèges et lycées environnants est envisagée afin de les sensibiliser et de trouver avec eux de nouvelles solutions dans la perspective de la réhabilitation future du site Sud. L’état d’esprit général ? Penser « excellence environnementale » en continu, réduire l’impact des activités dès que possible et surtout cultiver "cet état d'esprit que j'encourage car nous y sommes tous sensibles sur le site. Observer la nature reprendre ses droits, voir passer un vol de vanneaux, c'est à mon sens véritablement vivre l'écologie" explique François Gueidan, directeur du site et premier observateur enthousiaste de ce renouveau écologique.
La terre de diatomée en quelques chiffres
Le saviez-vous ?
- Le site de Murat produit 20 000 tonnes de terre de diatomée par an, à partir de 60 000 tonnes de minerais extraites.
- 150 grammes de diatomée permet la filtration de 100 litres de liquides.
- 4,8 milliards de litres de bière européenne sont filtrés grâce à la terre de diatomée du site par an.
- 120 millions de litres de jus de fruit sont filtrés grâce à la terre de diatomée du site par an.